đŸ—Łïž Est-ce qu’on parle trop Ă  nos chiens ?

Quand trop de mots brouillent la communication. 🔍 Une scĂšne familiĂšre
 Un maĂźtre appelle son chien dans un parc : "TOUTOU ! Viens ici !
 Au pied !
 AU PIED !
 DÉPÊCHE TOI ICI !
 HĂ© TOUTOU !
 Non mais c’est pas possible
 HÉHO VIENS LÀ !" Pour l’humain, c’est expressif. Pour le chien ? C’est un torrent de sons sans structure. Et lĂ , une vraie question mĂ©rite d’ĂȘtre posĂ©e :Est-ce qu’on parle trop Ă  nos chiens
 pour qu’ils nous entendent vraiment ?

4/21/20253 min read

🧬 Comment les chiens perçoivent nos mots

Les chiens ne comprennent pas notre langage comme les humains. Ils ne traitent pas les phrases entiÚres, mais associent certains sons (et surtout intonations) à des actions ou conséquences.
Ils apprennent par association : un mot = une action = une émotion. (Fugazza & Miklósi, 2018)

Le problùme, c’est que nous avons tendance à :

❌ Multiplier les mots pour une mĂȘme demande

❌ Changer de ton sans nous en rendre compte

❌ Parler comme à un humain
 alors que notre chien attend un signal clair et constant

📣 Trop de mots = signal brouillĂ©... et apprentissage inversĂ©

Revenons Ă  l’exemple du rappel confus. Ce que le chien entend, c’est une cacophonie Ă©motionnelle.
Le mot-clĂ© ("viens", "au pied") est diluĂ© dans une pluie d’injonctions, de frustration et d’hĂ©sitations.

👉 RĂ©sultat : le chien hĂ©site, se bloque, ou ignore tout simplement.
Non pas par défi, mais parce que le message est devenu illisible. (Hiby et al., 2004)

Et ce n’est pas tout


⚠ La rĂ©pĂ©tition dĂ©sorganisĂ©e crĂ©e un apprentissage... de la dĂ©sobĂ©issance

En rĂ©pĂ©tant plusieurs fois le mĂȘme ordre sans que le chien n’agisse, on finit, sans le vouloir, par lui apprendre Ă  ne pas obĂ©ir tout de suite.

"Viens ! 
 Viens ! 
 AU PIED ! 
 Allez viens !"

Dans sa perception, le chien ne capte pas le mot comme une consigne fiable, mais comme un bruit flou, changeant, sans conséquence immédiate.
Il apprend que la premiùre fois qu’on appelle
 ne compte pas vraiment. Ni la deuxiùme.
Il attend le moment oĂč "ça devient sĂ©rieux", c’est-Ă -dire le ton agacĂ©, le corps qui s’agite, ou le geste menaçant.
Ce type d’interaction installe une confusion Ă©motionnelle : l’humain devient instable et imprĂ©visible, ce qui fragilise la confiance du chien. (ElleVet Sciences, 2023)

🌟 Pour qu’un ordre soit respectĂ©, il doit ĂȘtre perçu comme cohĂ©rent, stable, et Ă©motionnellement neutre (au moins au dĂ©but). Ce n’est qu’ainsi que le chien pourra l’intĂ©grer, l’anticiper, et y rĂ©pondre sereinement.

⏳ Respecter le rythme et le tempĂ©rament du chien

Il est aussi essentiel de rappeler qu’un chien peut avoir une latence naturelle entre le moment oĂč il entend l’ordre et le moment oĂč il s’y conforme. C’est une phase d’intĂ©gration ou de renoncement Ă  ce qu’il faisait juste avant.

Prenons l’exemple de Kisha : elle ne revient pas toujours au rappel instantanĂ©ment. Parfois, elle "termine" ce qu’elle faisait (exploration, reniflage
), puis revient quelques secondes plus tard. Lui laisser ce temps – environ une dizaine de secondes – est une maniĂšre de respecter son activitĂ© tout en maintenant une rĂ©ponse fiable.

🎹 On ne demande pas Ă  un enfant de ranger sa chambre "sur-le-champ" quand il ne lui reste que quelques cases Ă  colorier. Il en va de mĂȘme pour le chien : si le cadre est clair, il peut aussi ĂȘtre souple et empathique.

Ce respect du rythme du chien renforce sa confiance et sa motivation à coopérer. (Rooney & Cowan, 2011)

✅ Moins de mots, plus de sens

Un bon signal, c’est :

🎯 Un seul mot clair ("Ici", "Viens", "Au pied")

♻ Toujours le mĂȘme mot pour la mĂȘme action

đŸŽ” Une intonation constante et encourageante

đŸ± Une consĂ©quence positive : friandise, libertĂ©, fĂ©licitations

💬 Moins de mots, mais mieux choisis. (Companion Animal Psychology, 2018)

đŸ¶ Les chiens aiment les repĂšres

Les chiens se sentent rassurés par :

des routines

des signaux stables

des attentes claires

Cela ne les rend pas "robots" : au contraire, cela leur donne la liberté de comprendre et de choisir les bons comportements.
Un chien qui sait ce qu’on attend de lui est un chien plus serein, plus confiant, plus autonome. (Off Leash K9 Training, 2022)

✹ Conclusion : Parler chien, c’est savoir se taire

Alors non, ce n’est pas qu’on "parle trop", c’est surtout qu’on ne parle pas de façon adaptĂ©e Ă  la maniĂšre dont nos chiens perçoivent le monde.
En adoptant un langage simple, stable et cohérent, on améliore non seulement la communication, mais aussi la relation.

💡 Parler chien, ce n’est pas faire moins. C’est faire mieux.

📚 Sources et rĂ©fĂ©rences scientifiques

Fugazza, C., & Miklósi, Á. (2018). Social learning in dog training: the role of human verbal commands. Learning and Behavior.

Hiby, E. F., Rooney, N. J., & Bradshaw, J. W. S. (2004). Dog training methods: their use, effectiveness and interaction with behaviour and welfare. Animal Welfare.

ElleVet Sciences (2023). Cue nagging in dog training.

Rooney, N. J., & Cowan, S. (2011). Training methods and owner–dog interactions: Links with dog behaviour and learning ability. Applied Animal Behaviour Science.

Companion Animal Psychology (2018). To gesture or not to gesture in dog training.

Off Leash K9 Training (2022). Consistency in Dog Training.